Le dimanche 9 octobre, le Centre africain des Recherches et Études Stratégiques (ACRESS) a tenu un symposium sur le référendum constitutionnel qui se tiendra le 17 décembre prochain au Tchad sous le thème " Le prochain référendum constitutionnel au Tchad : nouvelles perspectives à mettre en œuvre".
Lors de ce symposium modéré par Dr. Ghada Fouad, Directrice dudit Centre, les discussions ont porté sur la question de savoir si le processus du référendum constitutionnel pourrait être mené de manière transparente.
La directrice de (ACRESS) a également noté que ce symposium intervient à un moment ou le Tchad connait une période délicate en raison de l’environnement interne et externe actuel.
En effet, Succès MASRA, le président du parti de l’opposition : (les transformateurs) a annoncé son retour au Tchad, ce18 octobre, après son absence depuis les manifestations d’octobre 2022, il faut dire qu’il est l’un des plus importants opposants tchadiens.
En outre, un certain nombre de partis politiques et certains mouvements d’opposition qui ont participé aux sessions du Dialogue national souverain, se sont opposés à de nombreux articles du projet de la Constitution proposée avant le référendum.
C’est pourquoi le symposium a donc réuni des intervenants de différents bords politiques : des partisans et des opposants au projet de la constitution, ainsi que des professeurs de droit constitutionnel.
Pour sa part, Al-Amin Al-Dodu Abdullah Al-Khatari, professeur de droit constitutionnel aux universités tchadiennes, a déclaré que la préparation ou la modification des constitutions nationales doivent passer par les étapes les plus importantes. D’abord, il y a un Comité Constitutif dont les membres sont élus. Il doit impérativement rassembler des spécialistes du droit constitutionnel, ainsi que des experts spécialisés en politique, sociologie, économie et religion, tout en représentant les différentes régions du pays, afin d’adopter une constitution qui dure pendant un certain temps sans avoir recours à son abrogation ou à des amendements supplémentaires.
Il a également abordé d’autres points très importants concernant la rédaction des lois suite à la ratification de la Constitution, et la mise en œuvre de ses articles sur le terrain dans l’intérêt des Tchadiens de différents groupes ethniques et régionales.
De son coté, Mohamed Bahruddin Tahir, professeur de droit, a noté que le nouveau projet de constitution proposé contient des changements positifs en ce qui concerne le système d’administration de l’État, ainsi que la séparation des pouvoirs, car elle garantit une grande autonomie à la magistrature et aux juges au Tchad, et la prise en charge par le chef de l’État du Conseil suprême de la magistrature est annulée, et le retour du Sénat a l’arène politique.
De son coté, Dr. Ismail Mohamed Al-Taher, professeur de géopolitique à l’Université Heck au Tchad, a parlé de l’importance d’examiner en profondeur les dossiers électoraux, et que l’État devrait fournir davantage d’effort afin d’inciter les citoyens à s’enregistrer. Cela nécessite davantage de campagnes de sensibilisation, d’autant plus que l’analphabétisme politique est propagé parmi les citoyens. Cependant, il a mis l’accent sur l’importance de fournir un financement adéquat afin que le référendum puisse être mené de manière intègre et transparente, tout en fournissant l’équipement nécessaire afin de contrôler le processus du vote dans les zones frontalières.
M. Ali Musa Ali, journaliste et juriste spécialistes des affaires africaines, a également souligné que la période de temps annoncée par l’actuelle Autorité transitoire pour sensibiliser les citoyens aux articles proposés de la Constitution est insuffisante, car le projet contient plus de 200 articles. Cela nécessite plus d’efforts et de temps en plus de l’importance de fournir un financement adéquat, et la liberté de circulation pour les professionnels des médias, afin de les aider dans leur rôle, et d’exhorter les citoyens à aller aux urnes. Cependant, il a également mis l’accent sur d’autres points très intéressants dont les autorités tchadiennes doivent prendre en compte si elles veulent vraiment que cette période sensible de l’histoire du Tchad passe pacifiquement, et que l’État revienne à l’ordre constitutionnel.
Dr. Fatima Mohamed Jedi, Chef de la Coordination des Femmes pour la Paix et le Développement, a mis l’accent sur le rôle des femmes et des organisations de la société civile des femmes tchadiennes, et de leur rôle efficace actuel dans les campagnes de sensibilisation, afin que les citoyens s’enregistrent dans les listes électorales, notamment les femmes, et l’importance de leur participation à la vie politique, et dans le processus de construction d’un nouveau système constitutionnel au Tchad.
Et d’ajouter, toutefois, les autorités de la transition tchadienne actuelle devrait tenir compte de la présence des femmes aux côtés des hommes dans toutes les étapes du référendum, tant en ce qui concerne leur participation aux comités de vote et de dépouillement que leurs surveillances.
Pour M. Amin Djibril Al-Wali, Président du Parti de l’opposition (Justice et Développement), a également pris la parole, il s’agit de l’un des parties politiques qui ont participé aux Dialogue national souverain, il a noté qu’il y avait quelques articles qui semblaient être préparés pour des objectifs spécifiques, y compris l’article 80 proposé dans la nouvelle Constitution.
C’est pourquoi les forces de l’opposition tchadienne exigent que les autorités de la transition actuelle fassent davantage d’explication de ces articles afin de permettre aux citoyens de les comprendre parfaitement, tout en tenant compte des demandes de l’opposition, notamment, celle qui souhaite stabiliser le Tchad, et qui n’a pas utilisé l’armes dans le but d’imposer son point de vue.
A l’issue du symposium, les intervenants ont fait des propositions importantes pour sortir de la crise de la transition actuelle. Des propositions qui contribueraient sans doute à stabiliser le Tchad, et emmener la communauté internationale à accepter les résultats du référendum, ainsi qu’une vision futuriste pour le processus politique au Tchad.
A noter que tous les points abordés dans le symposium, seront dans un rapport dont le Centre Africain des Recherches (ACRESS) élaborera.