Le Dialogue national en République du Mali : un pas vers la paix et la stabilité

Marega Macire (ماريجا ماسيري) 28 avr. 2024

Chercheur des affaires africaines, République du Mali

Le Dialogue national en République du Mali : un pas vers la paix et la stabilité

Depuis le 31 décembre 2023, le Dialogue national en République du Mali a été témoin d’efforts vigoureux lorsque le Président de la transition, dans son discours à la nation, a appelé à l’organisation d’un dialogue entre les Maliens, et ce, afin de leur permettre de progresser vers la paix et la réconciliation sans ingérence extérieure, et relever les défis auxquels le pays est confronté, notamment:

- la crise sécuritaire :  car le pays subit une insurrection armée dans le nord depuis 2012.

- des Coups d’État militaires

- la Crise économique et la corruption.

En effet, cet appel a donné lieu à un vaste débat au sein des cercles sociaux, politiques, religieuses et intellectuelles du Mali, ainsi que dans les médias nationaux et internationaux, sur les véritables motifs et objectifs du dialogue national.

Cette invitation au dialogue a donné lieu à un débat, comme indiqué ci-dessous, sur les forces politiques habilitées à participer au dialogue national, et celles qui devraient être exclues, les critères de sélection et de distinction entre elles, quels sont les déterminants fondamentaux régissant le dialogue national, ainsi que la nature des questions à traiter dans le cadre du dialogue national.

Il importe de souligner que l’activité politique de tous les partis politiques a été suspendue avant le début des sessions du dialogue et d’autres questions méthodologiques et procédurales.

On a egalement soulevé la possibilité et l’importance de la participation des groupes armés à ce dialogue. Surtout après que le gouvernement malien a annoncé l’abrogation de l’accord de paix et de réconciliation signé entre lui et les mouvements rebelles en 2015 sous les auspices de l’Algérie.

Face à ces discussions en cours sur la nature et les motifs du dialogue national, le Comité directeur du dialogue national a clarifié la vision et les objectifs du dialogue national et les thèmes à discuter, c’est effectivement ce que nous allons aborder dans les lignes qui suivent :

Premièrement :

 La vision :

En effet, la vision des responsables du dialogue national est d’appeler à une communication efficace entre tous les segments de la société et les forces sociales, politiques, économiques et religieuses du Mali, et donner l’occasion d’entendre les différentes perspectives, et d’échange d’idées, et de présenter des propositions afin de parvenir à un espace commun vers un État unifié et stable.

Deuxièmement : les objectifs du dialogue national sont les suivants:

- réaliser la paix et la réconciliation entre toutes les couches sociales au Mali.

- procéder à des réformes sociales, sécuritaires, politiques et économiques globales.

- préserver l’unité et l’intégrité du pays.

- respecter la démocratie et les droits de l’homme.

- promouvoir la participation des citoyens à la prise de décisions.

Conséquemment, les premières sessions du dialogue national du Mali ont eu lieu au cours des deux dernières semaines avec la participation de représentants de divers secteurs de la société malienne.

En effet, le samedi 20 avril 2024, les activités du Dialogue national des Maliens de l’étranger pour la paix et la réconciliation nationale ont commencé.

 A cette occasion, la première session du Dialogue national s’est tenue à l’Ambassade de la République du Mali au Caire. Les réunions se sont poursuivies jusqu’au 22 avril, conformément au programme de travail annoncé par le Comité directeur du Dialogue national à la capitale malienne, Bamako.

Sans aucun doute, les jeunes et les femmes ont toujours été des acteurs de la société civile à l’avant-garde des grands événements majeurs de l’histoire du Mali.

 Ici, en République arabe d’Égypte, cette tradition de mobilisation des jeunes et des femmes pour participer à ce dialogue, qui a ouvert sa première rencontre par un discours de l’Ambassadeur du Mali au Caire, S.E.M. Boubacar DIALLO a souhaité la bienvenue aux participants et les a remerciés pour leur réponse à l’invitation du président de la transition, le colonel  Assimi GO ÏTA .

Par la suite, les participants ont été répartis en comités de travail représentés par cinq (5) commissions principales :

1)Commission de la réconciliation et de la cohésion sociale,

2)Commission de la sécurité et de la défense,

3)Commission du développement économique et durable,

4)Commission de la politique et de la bonne gouvernance

5)Commission de la géopolitique et de l’environnement international.

Chacune de ces commissions a un président, un vice-président et un rapporteur, au cours de laquelle plusieurs questions importantes ont été discutées, conformément aux grandes lignes identifiées par le Comité directeur du Dialogue National, notamment:

-la Sécurité et la défense.

- la réconciliation et cohésion sociale.

- la politique et la bonne gouvernance.

- l’économie et le développement durable.

- la géopolitique et l’environnement international.

Ce dialogue est sans aucun doute une étape positive dont les effets se refléteront dans la période à venir sur des groupes représentant la majorité de la population du pays, à savoir les jeunes et les femmes.

 En effet, ce dialogue national a inclus divers groupes de la société malienne.

 De plus, les avantages des discussions tenues pendant les sessions pour le secteur de la jeunesse sont les suivants :

1)    Promouvoir la participation politique :

 Le dialogue national offre aux jeunes l’occasion de participer au processus politique, et d’exprimer leurs points de vue et leurs propositions. Il contribue également au renforcement de leur sentiment de responsabilité envers leur patrie, et crée ainsi une croyance en leur capacité à opérer des changements.

 2)    Instaurer la confiance :

 Le dialogue national contribue à instaurer la confiance entre les différentes composantes de la société malienne, y compris les jeunes. Ainsi il renforçant la cohésion sociale et l’unité nationale.

3)Apporter des solutions différentes aux problèmes nationaux épineux :  

Le dialogue national offre aux jeunes l’occasion de discuter des problèmes auxquels ils sont confrontés, à titre d’exemple les problèmes de chômage, de pauvreté et d’insécurité.

 A travers ce dialogue national, des solutions créatives et nouvelles peuvent être trouvées aux problèmes auxquels les jeunes sont confrontés.

4- Créer un nouveau leadership et autonomiser les jeunes :

Le dialogue national aide à autonomiser les jeunes, à construire des cadres politiques nationaux et à favoriser une culture de dialogue et d’acceptation mutuelle en développant les compétences de leadership et en augmentant la confiance en soi.

Malgré les avantages ci-dessus, il faut reconnaitre que certains défis demeurent dans le secteur de la jeunesse au Mali, à titre d’exemple :

- Manque de conscience politique

- Faible participation au processus politique

- Taux de chômage et de pauvreté élevés.

En outre, le dialogue national est confronté à un certain nombre de défis qui peuvent affecter sa capacité à atteindre ses résultats.

 Les plus importants sont :

- l’incapacité de certains groupes armés à participer au dialogue national.

- la diffusion de la rhétorique extrémiste.

- Difficultés à mener des sessions de dialogue dans les zones de détérioration de la sécurité.

- Manque de ressources financières.

- le boycott du dialogue national par un certain nombre de chefs de partis politiques.

Cependant, il convient de souligner que, malgré les défis ci-dessus, le dialogue national est une occasion importante pour faire face aux crises auxquelles le pays est confronté et parvenir à la paix et à la stabilité.

À cette fin et pour que ce dialogue réussisse, il est essentiel que toutes les parties s’engagent à :

- un dialogue constructif, qui accepte la culture de la différence.

- compromis mutuelles : en effet, les différents courants politiques du Mali doivent adopter une méthodologie gagnant-gagnant.

- Placer l’intérêt national au-dessus de toute considération.

Outre les recommandations précédentes sur les moyens de faire du dialogue national un succès, il convient également de mettre l’accent sur l’ouverture de canaux de dialogue avec les États de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et le voisinage régional du Mali, en particulier l’Algérie et la Mauritanie.

En effet, la paix et la stabilité au Mali exigent des efforts locaux et régionaux intensifs.

En guise de conclusion, le dialogue national du Mali est une étape importante vers la réconciliation nationale, la paix globale et la stabilité durable, et il est important de le soutenir et de faire plus d’efforts pour autonomiser et intégrer les jeunes dans la vie politique et sociale.

Tout en notant que cet objectif ne peut être atteint que par la coopération et la collaboration sans l’exclusion ou la négligence d’aucune des parties du peuple, en prêtant attention à l’influence du facteur extérieur des États voisins sur le processus politique au niveau national.

 Et c’est effectivement ce que nous aborderons plus en détail dans les prochains articles sur le dialogue national et la stabilité politique en République du Mali.