Le Burkina Faso est l'un des pays Africains pionniers dans le domaine de l'autonomisation de la femme, notamment l'autonomisation politique.
En effet, depuis les années 1980, les femmes du Burkina Faso occupent des postes ministériels, autrefois monopolisés par les hommes.
Conséquemment, les femmes ont été des partenaires essentielles dans les étapes importantes de l’histoire du pays.
Le rôle de la femme dans la vie publique est à nouveau au-devant de la scène sous la direction du Capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition, et ce, au moment où le Burkina Faso est en pleine refondation.
Et malgré tous les défis auxquels l’État est confronté, il n’a pas négligé l’autonomisation des femmes, y compris l’éducation et l’autonomisation économique, politique et sociale.
Dans le but de mettre l’accent sur ces efforts, le Centre africain des recherches et Études Stratégiques (ACRESS) a posé un certain nombre de questions à S.E. Mme /Nandi Som Diallo, ministre burkinabée de la Solidarité, de l’Action humanitaire, de la Réconciliation nationale, Genre et famille, sur la situation des femmes au Burkina Faso et les stratégies mises en œuvre pour améliorer la situation des femmes et des filles.
Mme la Ministre a mis un accent très particulier sur trois (3) domaines clés dans lesquels l’État a fait des progrès significatifs, y compris le secteur de l’éducation, dont l’État a fait des efforts tangibles afin d’assurer l’éducation des filles grâce à la mise en œuvre de la "Stratégie nationale pour accélérer l’éducation des filles" pour la période 2012-2021.
S.E. Mme la Ministre a également expliqué qu'une attention a été également portée à l'autonomisation économique des femmes, et ce, à travers le soutien des projets d'entrepreneuriat pour les femmes et les filles.
Et ce n’est pas tout, car, le Ministère s’occupe également des femmes rurales et leurs fourni des ressources nécessaires pour leurs permettre de mettre en œuvre leurs projets qui leur permettent d’assurer une vie décente pour elles-mêmes et leurs familles.
Voici les réponses de S. E. Mme la Ministre aux questions d'ACRESS:
- Le Burkina Faso a été l'un des premiers pays à œuvrer pour l'autonomisation de la Femme en Afrique après l'indépendance. Quelles en sont les raisons ? Est-ce lie à la nature de la société ou à la vision des dirigeants politiques au pouvoir ?
Le Burkina Faso a œuvré pour l'autonomisation de la femme après les indépendances non seulement au regard de la situation socio-économique et culturelle de celle-ci, mais aussi de la ferme volonté de ses dirigeants à promouvoir un développement équitable entre les hommes et les femmes, en vue de faire d’elles des actrices de développement.
- Quelle est la situation actuelle des femmes en matière d'éducation et d'autonomisation économique?
La situation actuelle des femmes en matière d'éducation et d'autonomisation est fort appréciable. C'est le moment d'apprécier les efforts des acteurs qui accompagnent l'État dans ces domaines.
Dans le secteur de l'éducation, le Gouvernement a adopté et mis en œuvre la stratégie nationale d'accélération de l'éducation des filles 2012-2021 dont les résultats ont permis d'inverser les tendances en faveur des filles, en témoigne les données statistiques pour l'année scolaire 2021/2022. Par exemple, au niveau du Taux Brut d'Achèvement (TBA) au post-primaire, l 'Indice de parité entre les sexes (IPS) est en faveur des filles (1,1). Il l'est également au niveau du taux d'achèvement au primaire (1,2) et du Taux Brut de Scolarisation au primaire et au post primaire, avec respectivement 1,01 et 1, 16 au post primaire en 2021/2022.
Ces résultats ont été atteints grâce à la mesure de la gratuité et la prise en charge des cotisations des Associations des Parents d'Élevés (APE) pour les filles nouvellement inscrites au CP 1 à raison de 1000 FCFA par fille et la création en 2018, de la Direction de la promotion de l'éducation inclusive, de I' éducation des filles et du genre. Par contre, au secondaire et au supérieur, l'quitté reste un défi majeur à relever malgré les efforts consentis.
Nos actions sont actuellement orientées vers le maintien des filles dans le cycle secondaire et le supérieur à travers la prise de mesures spéciales temporaires au profit de celles-ci (bourses d'études ...). Chez les femmes, 70% d'entre elles sont déclarées alphabétisées après la campagne d'alphabétisation de 2022.
- En matière de promotion de l'autonomisation économique de la femme :
Plusieurs actions ont été entreprises.
A ce titre on peut relever :
- la mise en place de structure qui s’occupe spécifiquement des préoccupations des femmes (Direction de l’Autonomisation Économique de la Femme) ;
- la mise en place du Fonds d’Appui aux Activités Rémunératrices des Femmes (FAARF) spécifiquement dédié aux femmes pour faciliter leur accès aux financements car ayant des difficultés dans les institutions financières classiques. Une enveloppe financière de 10 000 000 000 (dix milliards FCFA) y est allouée chaque année ;
- la mise en place d'un fonds de garantie interbancaire pour pallier les difficultés rencontrées par les femmes pour accéder aux crédits dans les institutions financières classiques;
- L’offre en renforcement de capacités diverses pour permettre aux femmes qui entreprennent dans certains domaines de se perfectionner et d'être plus compétitives (non seulement à travers des formations mais aussi à travers des dotations en technologie pour améliorer leur production) ;
- l'accompagnement des femmes pour l'écoulement de leur produit à travers l'appui à leur participation aux foires tant au niveau national, sous régional et international;
- l'accompagnement à la formalisation des entreprises des femmes ;
- la réalisation de plaidoyers pour non seulement l'accès des femmes aux facteurs de production (intrants agricoles, machines souvent à des coûts subventionnes), mais également à celui sécurisé a la terre. En milieu rural, les femmes constituent la main d'œuvre agricole et pour des raisons culturelles, elles ont des difficultés pour accéder à la ressource terre, pourtant nécessaire pour leur autonomisation.
- Les dirigeants politiques actuels au Burkina Faso sont-ils intéressés par la question de l'autonomisation de la femme, en particulier la question de la responsabilisation politique de la femme ?
Il faut souligner la ferme volonté des dirigeants actuels sur la question de l'autonomisation de la femme, en particulier la question de la responsabilisation politique de la femme intervient dans un contexte mondial marque par !'agenda 2030 en faveur des Objectifs de Développement Durables (ODD), auquel le gouvernement du Burkina Faso a adhéré.
Ainsi, l 'État étant une continuité, les dirigeants politiques actuels du Burkina Faso, ont bien évidemment fait de l 'Autonomisation et de la responsabilité politique de la femme une priorité. En témoigne l'adoption de la loi sur le quota genre (loi 003-2020/AN portant fixation de quota et modalités de positionnement des candidates et des candidats aux élections législatives et municipales) et la nomination de femmes à de hautes fonctions.
- Existe-t-il une stratégie nationale pour l'égalité des sexes qui prend en compte les femmes rurales?
Notre pays dispose effectivement d'une stratégie nationale pour l’égalité des sexes qui prend en compte les femmes rurales. Il s'agit de la Stratégie Nationale Genre (2020-2024) qui est le référentiel national en matière de promotion de l’égalité des sexes.
En plus de ladite Stratégie, il existe bien d'autres stratégies telles que la Stratégie Nationale de Promotion de l'Entrepreneuriat Féminin (SNPEF) 2016-2025 et la stratégie Nationale de Protection et de Promotion de la Jeune Fille (SNPPJF) 2017-2026.
- Quels sont les aspects stratégiques les plus importants que l'État souhaite mettre en œuvre ?
Les aspects stratégiques les plus importants que l 'État souhaite mettre en œuvre sont, entre autres:
- la promotion de l'équité d'accès aux services sociaux de base;
- l’accès égal à la justice et à la protection juridique ;
- l’accès à la formation professionnelle et à l’emploi des femmes et jeunes filles;
- I' autonomisation économique des femmes et des jeunes filles;
- la protection et la promotion des droits de la femme et de la jeune fille;
- l'implication des femmes et des jeunes filles dans le processus de consolidation de la paix et de la cohésion sociale;
- la lutte contre les Violences Basées sur le Genre (VBG).
- Quelles sont les barrières sociales que les femmes africaines doivent œuvrer à briser pour obtenir une plus grande égalité des chances ?
Les barrières sociales que les femmes africaines doivent œuvrer à briser pour obtenir une plus grande égalité de chance sont entre autres la lutte contre les préjugés et les stéréotypes sexistes et le manque de confiance en soi.
. Enfin, quels conseils votre Excellence en tant que femme leader politique, donne-telle aux filles africaines pour réaliser leurs rêves dans l'accession a des postes politiques de haut niveau à l'avenir ?
Pour réaliser leurs rêves dans I 'ascension à des postes politiques de haut niveau, les filles africaines doivent avoir une bonne culture générale, elles doivent développer leur estime et leur confiance en soi. Elles doivent également oser s'affirmer.
Pour cela je leur conseillerai de beaucoup lire, de militer dans les associations et les partis politiques pour développer leur leadership. Elles doivent viser l’excellence dans tout ce qu'elles entreprennent. Aussi, elles peuvent se faire assister par un mentor. Nous avons des partenaires comme Plan Burkina qui, pour contribuer à développer le leadership des jeunes filles, a mis en place un système du mentorat.